Délinquance, violence, insécurité : les mots et le sens qu’on leur donne
par Pierre Tevanian, 13 septembre
À l’heure où un même gouvernement d’extrême droite plurielle tente de démanteler ce qui reste d’État social (et notamment du système des retraites) et de libertés publiques (et plus encore de droits des étrangers), à l’heure des réformes Woerth, Besson, Hortefeux, à l’heure de LOPPSI 2 et de la loi anti-burqa, et alors que la longue tradition d’impunité policière se perpétue avec – coup sur coup – un non lieu requis pour les policiers impliqués dans la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois et un non-lieu prononcé pour les policiers impliqués dans la mort d’Abdelhakim Ajimi à Grasse, il n’est pas inutile de revenir sur le sens même de ces trois mots qui « font l’agenda » : délinquance, violence, insécurité – et sur leur usage singulier, pour le moins partiel et partial.
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L’insécurité dont on ne parle pas (Deuxième partie)
par Pierre Tevanian, 14 septembre
Nombreuses sont les formes de violence illicites qui sont tolérées dans l’entreprise, comme l’imposition d’horaires dépassant les limites légales, le harcèlement moral, le non-respect des conditions d’hygiène et de sécurité, et l’imposition de conditions et de cadences de travail intenables. Cette délinquance patronale se développe d’autant plus que les inspections dans les entreprises sont de plus en plus rares :
en 1974, 30% des entreprises ont été contrôlées, tandis qu’en 1993, seules 14% l’ont été ;
seuls 1250 inspecteurs et contrôleurs couvrent l’ensemble des entreprises privées du territoire français (qui emploient quatorze millions de salariés) ;
ils ne sont assistés que par trente-cinq médecins et treize ingénieurs en hygiène et sécurité [1].
Malgré cela, les flagrants délits sont nombreux. Mais d’autres obstacles se dressent, qui empêchent toute poursuite sérieuse :
les inspecteurs, conscients des difficultés à faire aboutir une procédure, ne verbalisent que les plus graves des infractions constatées (sur un million d’infractions constatées en 1995, seules trente mille, soit 3%, ont donné lieu à une observation ou une mise en demeure) ;
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L’insécurité dont on ne parle pas (Troisième partie)
par Pierre Tevanian, 15 septembre
S’il est souvent difficile, au cas par cas, de produire la preuve d’une discrimination raciste, il existe en revanche des indices multiples qui permettent d’établir le caractère systémique et massif du phénomène. Pour ne parler que de l’emploi, au-delà des témoignages de victimes, qui sont innombrables, certains chiffres sont parlants.
Une délinquance massive
On sait par exemple que de 1975 à 1990, 40% des postes de travail occupés par les étrangers dans l’industrie ont été supprimés, ce qui correspond au licenciement de plus d’un demi million de salariés.
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